1. |
Chaises adirondack
03:14
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la main tient le verre
gorgée longue
et s'essuyer la bouche
puis silhouettes et le son
je dis le mais pluriel
depuis les pieds enfin fermer les yeux
les rouvrir lentement
cocon acouphènes
apesanteur
les corps dociles
quelques secondes
quelques secondes
puis tout s'éteint chambre noire béante
défoncée
mais trois chaises Adirondack
faire des recherches
sur l'histoire de la chaise Adirondack
de quoi tu parles
non
de quoi tu parles
non
de quoi tu parles
non
c'est en mangeant du melon d'eau
que quelque chose
comme des coups de fusil et une chaleur
comme un coup de poing
dans le bas du dos
je sais
c'est difficile de cerner l'endroit
c'est flou
c'est exactement flou
sauf que ce n'était pas
dans l'une des trois Amériques
ce détail
malgré tout
faire des recherches sur l'Amérique centrale
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2. |
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on dirait que tu lévites
vibrations faisceaux
quand tu marches
comme si une émeute
sous tes pieds
des monarques tu dis
trottiner par-dessus le chaud
autant de dust devils microscopiques
qui t'éclaboussent
dans le soleil des trottoirs
parce que sous tes ombres
des soulèvements
et tout s'imprime derrière
il faut t'appréhender
selon les hertz
radar couleur oscillation
quelque chose d’innommé
quelque chose de peau vive
quelque chose qui n'existe pas
sauf ton mouvement
qui explose la boue sèche
aux commissures
tendinites bursites
les lèvres pleines de nœuds
les nôtres les vôtres
comment expliquer
c'est bien au-delà de
se regarder dans le blanc des yeux
c'est un langage déterré
dans nos plis de peau
nos grains de beauté nos poils
nos ondulations nos doigts
des colonies d'insectes
que vous n'avez jamais vues
s'asseoir par terre
sous la table
et implorer jusqu'aux miettes
faire semblant de pas saigner
toi aussi les sueurs folles
folle
folle
folle
folle
et folle
toi aussi les sueurs folles
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3. |
Sapins baumiers
03:52
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une raie et l'Est de ma tête
a froid des fois longtemps après la nuit
comme la corde de bois
triangulaire carré
les lendemains de violence
dans le réchauffement des restants de mots
d'engelures de quinze ans d'âge
quand l'encre entre les dents titube
et que les béances prennent leur pied
les spasmes suspendus aux oreilles
en commotions infinies
duveteuses
alors je m'invente des contes de naufrage
entre les craques des trottoirs
mes omoplates
en grimaces piteuses
à l'autre bord
d'en arrière de la côte
j'ai le territoire décapé
sous le vernis à bateau
j'ai le mouillage qui chigne
que je m'en cours après la queue
dans les aurores d'évertuement du banal
que je deviens chauve par-delà le corps
dans le désagrégement cuticulaire
quand j'ai les bottes en abîme de naître
dans le gréement des mouvances
dans le désalignement vertébral
tourner le cou tordre le kilométrage
avaler à tout rompre l'autoroute 20
jusqu'aux ponts
puis rebrousser poil
j'apprends peu à peu l'apaisement
dans l'errance des chiens
dans le perlage de mes colères
et les réveils affluents
pour que soudain
l’émergence sémantique
dans l'impossible raccord des vocables
pour l'enchevêtrement de nos pupilles hématomes
je m'acharne doux
une réparation de chairs éparpillées
moiteur de mes paumes de mes doigts
soins de plaies
autant de grafignes sur tous nos bras rassemblés
le blanc en dessous des aiguilles de sapins baumiers
une drôle de chorale lie nos ventres désormais
les éclaboussure sur mon poignet
des sillons de syllabique cri
pour me rappeler leurs noms
et le mien
par-dessus le pouls
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4. |
Néon
02:53
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ça s'essouffle ça contourne
ça prend une pause
entre deux points de côté
ça macère ça fermente
risque d'explosion
si environnement inadéquat
tête sauvage brouillonne coulante
quelque chose de brillant
comme un laser
mais dans une parenthèse
ça peut aussi faire peur
chimique
néon
archéologie
l'être rebours
quotidien psoriasis soif furie
et se fomentent les psychoses
chaque nid de poule
m'échappe quelques éclats d'os
je ne les retrouve jamais
je n'invoque plus le grognement
derrière mes yeux
ne m'éprends plus de l'étourdissement de mes membres
tellement que ma langue
ne saisit plus la façon des mots
jusqu'à ma tension lévitée
jusqu'à mon décollage de feutres
chimique
néon
archéologie
l'être rebours
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5. |
Majeurs électriques
03:19
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chaque icône jaunâtre
comme grotte souterraine
abrite au moins quatre antichambres
s'accouplant entre elles en névroses
mythologiques
et leurs milliers d'enfants
gisent en ivresse saumon
ou courent sur les plafonds
en majeurs électriques
des secousses de caverneux
d'oubliés de garde-robes
plateaux nourriture
sous les fentes de la porte
à peu près classés
mis au banc dissimulés
dissimulés
acouphènes de fonds marins
l’œil rouge
je suis chose molle
au crochet stupéfiée
quand chaque ouverture
me suggère
toutes les pathologies toutes
pareil pas pareil
un peu non
qu'une ébauche de cartographie
une apnée de contre-basse terreuse
me charcute les hanches
jambon sec
d'autres langues s'inventent sans moi
je te trouve belle
comme un reine
muette devant l'éparpillement
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6. |
Pomme-grenade éventrée
04:15
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dans une robe de chambre épluchée
ton corps
comme une lanterne chinoise
du mascara sur tes lèvres boursouflées
je le sais
le fleuve a l'air tout croche aujourd'hui
je le sais
c'est pour ça aussi que tu t'énerves
en comas disparates
un pédalo qui prend l'eau
mais promis
tu peux être ma pomme grenade éventrée
une longue traînée rouge dans la maison
on va jouer à éteindre les nuées de pépins
derrière nous
jusqu'au sommeil
couchées sur le plancher de la cuisine
nos yeux de merlans frits
visages liquides
une paix d'entre-deux
pis on sait déjà plus pourquoi
en attendant
fabrique-toi une longue-vue avec tes mains
regarde comme il faut
le plafonnier se prend soudain pour le soleil
une ampoule science-fiction
on pourrait essayer de se toucher plus fort
imiter la chaleur
faire semblant que c'est l'été
on pourrait essayer
d'inventer une langue
juste pour ce soir
des nouveaux mots
on pourrait essayer
d'en garder deux trois
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Fracas les sangs! Montreal, Québec
Quatuor rock expérimental montréalais. Alliage musique et poésie.
Montréal-based experimental rock quartet. Poetic and musical equilibrium.
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